Pourquoi les recruteurs ne rappellent pas ?
« On vous recontactera », ils disent tous ça à la fin de l’entretien. Et trois jours, trois semaines, voire trois mois plus tard, toujours rien. Impolis, les recruteurs ? C’est plus compliqué que cela. Pour cinq raisons possibles.

Parce qu’ils sont débordés
Il faut se mettre à leur place, parfois. « Savez-vous qu’un recruteur peut recevoir 1 000 candidatures pour un même poste ? observe Alain Gavand, responsable d’un cabinet de recrutement et de management de ressources humaines. À moins de proposer un profil rare sur un marché pénurique, il est peu courant de recevoir une réponse. »
Ce qui ne signifie pas que votre candidature a fini à la poubelle : souvent, elle est ajoutée à une « CVthèque » pour de futurs postes à pourvoir. « Quoi qu’il en soit, la plupart des entreprises sont équipées de logiciels qui expédient une réponse automatique avertissant le candidat que, passé un certain délai sans réponse, il n’a pas été retenu, confirme Laurent Rodriguez, ancien recruteur chez Lactalis. Après, vu le volume de mails à traiter, il peut y avoir des bugs ou des oublis. »
Parce que qu’ils ne savent pas toujours quoi dire
Il faut le rappeler : les recruteurs ne sont souvent que des intermédiaires. « Dans certains cas épineux, le choix se réduit à une short-list de deux ou trois candidats tous excellents, poursuit Alain Gavand. Dès lors, l’approche devient moins rationnelle et très, très subjective. » Cas classique : un manager a préféré tel candidat pour une simple question de « feeling ». Comment l’annoncer à ceux qui ne sont pas retenus ? Malgré toute sa bonne volonté, la transparence du recruteur a des limites.
Parmi les autres cas de figures courants, il se peut aussi que le profil recherché change en cours de recrutement ou que l’entreprise ait finalement choisi un candidat en interne. Il arrive, même, que le recruteur ne soit pas d’accord avec le choix définitif. Autant d’éléments qu’il gardera plutôt pour lui. Et expliquant qu’il préfère parfois vous envoyer un mail sibyllin plutôt que de vous rappeler…
Parce qu’ils n’ont (toujours !) pas choisi
En entretien, le recruteur a précisé que le poste était à pourvoir « rapidement ». Or, depuis deux mois, vous n’avez reçu aucune nouvelle. Classique ? «Ces délais sont souvent mal acceptés par le candidat parce qu’ils sont mal compris, concède Alain Gavant. Il m’est déjà arrivé de prendre jusqu’à huit mois pour un poste de directeur d’usine. » En cause : l’ouverture obligatoire soudaine du poste à des salariés en interne par exemple peut sérieusement ralentir le processus.
Certains managers repoussent aussi leur décision dans l’attente du candidat « idéal ». Rôle ingrat - mais avoué - des recruteurs pendant ce temps : garder les valeureux candidats à portée de main.
Parce qu’ils n’aiment pas annoncer de mauvaises nouvelles
Ne pas recevoir de réponse type après une candidature spontanée passe encore. Mais déjà moins quand on s’est déplacé... « Tout candidat non retenu après un entretien a légitimement droit à un feedback », insiste Alain Gavand. Mais le consultant reconnaît volontiers que la tâche n’est pas toujours aisée. « Si un candidat a démontré des lacunes trop importantes pour le poste, on peut avoir peur de le déstabiliser. » De là à « zapper » le malheureux ? C’est humain… parfois.
«Nombreux sont les responsables pour qui annoncer une décision en soi est difficile, analyse Claude Saurel, consultant en ressources humaines et auteur du livre Annoncer une décision difficile. Selon le profil psychologique de l’intéressé, l’annonce de la décision est vécue légèrement ou plus lourdement. » Étymologiquement, le verbe « décider » vient du latin decidere qui signifie trancher. Sauf que parfois, on préfère y couper…
Parce qu’ils vous ont peut-être… oublié
On doit l’anecdote à Laurent Rodriguez qui sait de quoi il parle. Récemment embauché comme adjoint au responsable recrutement chez Groupama, il a bien failli ne pas avoir le poste. « Il m’est déjà arrivé d’être relancé par un bon candidat que j’avais oublié, confesse-t-il. Or, il m’est aussi arrivé exactement la même chose. Sans nouvelles après mon entretien, j’ai relancé mon interlocuteur par téléphone. Il se trouve que la décision n’avait pas été prise. Ma candidature trainait encore sur une pile. J’ai eu raison de me rappeler à son bon souvenir. Finalement, j’ai été pris. »
Notre conseil : comme vous pouvez le constater, peu des raisons qui causent le silence prolongé d’un recruteur dépendent de vous. Ne perdez donc pas votre temps à vous focaliser sur cette absence de réponse. Assurez-vous de suivre notre guide pour ne pas être oublié et continuez vos recherches.
5 conseils pour qu’on ne vous oublie pas !
- Avant de quitter le recruteur, demandez-lui bien dans quels délais vous pouvez le rappeler.
- N’hésitez pas à demander son numéro direct ou son adresse mail pour échapper au barrage du secrétariat.
- Dans tous les cas de figure, rédigez un mail concis et enthousiaste dans les trois jours qui suivent votre rencontre, pour remercier le recruteur, résumer qui vous êtes et rappeler votre intérêt pour le poste.
- Si vous apprenez que vous n’avez pas décroché le poste, n’oubliez pas que l’on peut toujours vous rappeler… ultérieurement. Essayez de savoir ce qui vous a manqué pour, éventuellement, rectifier le tir.
- Et quelles que soient les raisons invoquées – si toutefois il y en a – ne soyez pas véhément. Si vous ne pouvez cacher votre déception, rappelez juste combien vous étiez motivé. Et proposez de rester en contact…
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Céline Chaudeau © Keljob