Quel coaching pour manager la crise ?

Il n’y a pas de solution standard, le mode d’intervention doit être adapté à chaque situation. La crise a montré que le coaching a la capacité de se réinventer.
 
 
 

Le coaching est adaptation et sur-mesure. J’aime répéter que c’est «un travail d’orfèvre». Les solutions co-construites ne se ressemblent pas. Chacune a sa particularité, car teintée par l’histoire, par les enjeux et la vision des antagonistes impliqués dans la problématique. Les outils utilisés par le coach pour accompagner ses clients sont, exactement, les mêmes. Il puise, à volonté, dans sa boîte à outils, ce qui va faire émerger les options et co-construire les solutions. Ce qui fait la différence entre les solutions, c’est la capacité du coach à écouter, à s’immerger dans la problématique du coaché, à cerner ses enjeux et à être une ressource pour lui pour «customizer» une solution «sur-meure». 

Crise mondiale protéiforme aux incidences particulières

La crise est, par essence, ambiguë, protéiforme, changeante, instable, multi-causes et multi-conséquences. En 2007, s’allume la mèche de la crise financière qui, rapidement, a provoqué une crise économique, qui, aujourd’hui, continue à bouleverser les systèmes en place et à mettre à rude épreuve les solutions imaginées. Dans ce tumulte, le coaching peut être un excellent outil pour manager la crise, par sa capacité à se régénérer et à se réinventer.

Aujourd’hui, tous les pays, développés, émergents ou sous-développés, pâtissent, à différents degrés, des difficultés engendrées par les zones de turbulence provoquées par la crise. Le monde entier vit une crise protéiforme aux incidences particulières. Et c’est la grande particularité de cette crise, contrairement aux précédentes.
La crise actuelle ne revêt pas la même signification dans tous les pays. Elle reflète des situations radicalement opposées. De fait, elle impacte, différemment, chaque pays, qui, du coup, a une attente particulière du coaching.  Pour comprendre cette diversité, un voyage s’impose.

La demande exprimée dépend aussi du pays

Aux Etats-Unis, foyer de départ de la crise, les managers et les traders ont vu partir l’étincelle de la crise. Ils ont été pris de court par ce coup de feu. Les prémices de la crise étaient latentes. Mais aucun ne pouvait pronostiquer la date de départ. Les premières demandes de coaching révélaient un besoin de se resituer dans le nouvel échiquier. Les managers américains avaient besoin de comprendre ce qui se passe et de prendre du recul pour définir une nouvelle feuille de route. 
La Chine, par contre, enregistre un taux de croissance à deux chiffres (de quoi faire rêver plus d’un), avec une position de leader en Asie et une économie parmi les plus puissantes au monde. Pourtant, le pays souffre d’une crise de société incarnée par des changements effrénés que vivent les jeunes actifs chinois de 25-30 ans, confrontés à des challenges surdimensionnés, au burn-out et en proie à de fortes pressions familiales. La réussite professionnelle est le challenge de chaque jeune actif chinois.Les jeunes managers chinois sont demandeurs de coaching pour faciliter leur ancrage à la société moderne, pour trouver le plaisir au travail et pour pouvoir concilier les nouvelles exigences de la société chinoise (empruntées à la société occidentale) et les impératifs de la culture chinoise.

En France, les principaux indicateurs micro et macro-économiques sont en berne avec des pertes d’emplois très graves. Le pays souffre, selon de nombreux analystes, beaucoup plus d’une transformation de la société, latente depuis plusieurs années, que d’une simple crise. Cette transformation suscite des interrogations sur la responsabilité sociale des entreprises. 
Sur ce marché, les entreprises et les individus ont besoin de coaching de sens, de coaching de repositionnement, de coaching de valeurs, de coaching stratégique, de coaching d’identité pour s’aligner aux nouvelles donnes, porteuses de changements. Or, qui dit changement dit perte de repères. Celle-ci génère, automatiquement, la peur. La peur conduit, généralement, au repli sur soi ou au déni. Les managers et les actifs français ont besoin de coaching pour prendre conscience du changement sociétale, pour gérer la transition et pour étudier les options. Car il y a toujours des options pour la co-construction de nouvelles solutions afin d’avoir de nouveaux repères pour renouer avec le cercle vertueux de la croissance. 
En Suisse, on parle de crise dès que le taux de chômage avoisine les 3%. Rien à voir avec les 10% de la France et les 25% de l’Espagne. Les Suisses ont découvert la crise avec les premières vagues de licenciements jusque-là inconnues et quand les entreprises ont commencé à reporter leurs projets sur 2 à 3 années. Pour négocier ce virage, les entreprises suisses ont fait appel au coaching pour répondre à une demande interne en bien-être.

En Allemagne, bien que les performances micro et macro-économiques soient bonnes, les entreprises scrutent l’horizon. Les managers allemands sont extrêmement vigilants. La croissance du pays dépend, majoritairement, des exportations. 
Le challenge des entreprises est de réfléchir sur les moyens pour maintenir leur croissance, sur un marché mondial en proie aux turbulences. Cette situation conduit à l’émergence, en Allemagne, d’une nouvelle culture d’entreprise privilégiant la communication. Le coaching, sur ce marché, permet de jeter les ponts entre les personnes, d’organiser des team building pour resserrer les rangs et pour développer l’intelligence collective, car le danger guette. Les entreprises allemandes recourent au coaching pour rassurer et donner la force de continuer à se battre. Car rien n’est acquis.

La Suède n’a pas été, non plus, épargnée par la crise. Mais les pouvoirs publics ont transformé la menace de la crise en opportunité. Comment ? Face aux conséquences de la crise (perte d’emplois, perte de marchés), les entreprises suédoises, privées et publiques, encouragent leurs collaborateurs à faire du coaching pour changer de métier et pour développer leur employabilité.
Au Maroc, l’économie est, forcément, affectée par les difficultés des marchés partenaires (que ce soit à l’import ou à l’export). Certaines entreprises se trouvent obligées de se repositionner. La crise a permis de développer des niches de marché, jusque-là ignorées ou minoritaires dans leur chiffre d’affaires. Par exemple, dans l’offshoring, certains opérateurs ont pu juguler la perte de clients étrangers en offrant des packages adaptés au marché local. Dans la distribution de l’habillement, des enseignes marocaines ouvrent de plus en plus de points de vente, car elles ont adapté leur offre à la demande. 
Les exemples sont nombreux. Le coaching est, de l’avis de nombreux professionnels, de plus en plus demandé. Les entreprises y recourent pour renforcer l’esprit d’équipe et développer la performance économique. En individuel, il y a plus de quête de sens, de recherche d’équilibre entre boulot et vie privée.

Le coaching, métier élastique

Il ressort de ce panorama un véritable arc-en-ciel d’acceptions de la crise. Nos acceptions diffèrent selon la spécificité de chaque pays. La crise est synonyme de perte de sens ou de changement de valeurs, ou de changement de paradigmes.
Depuis l’émergence de la crise, le coaching a montré sa capacité à «tailler sur-mesure les solutions», sa capacité à se régénérer et à se réinventer pour accompagner les hommes et les femmes dans la transformation rapide de leur société et pour édifier, ensemble (coach et coaché), une solution pérenne et durable. 
Ces différentes expériences ont établi l’«élasticité» du coaching. Sa propension à s’adapter, sans jamais s’éloigner des règles bases de sa pratique.