Comment manager en temps de crise ?

L’Ipag Business School a organisé le 6 février dernier une conférence sur le management et le leadership en temps de crise. L’occasion de revenir sur la mise à mal de certains codes managériaux et des situations complexes dans lesquelles se retrouvent les managers. Ecrasés sous le poids des responsabilités, ces derniers voient leurs capacités et leurs compétences fortement remises en cause. Pourquoi ? Comment améliorer la situation ? Décryptage…

 
 

« En temps de crise, l’humain prime sur tout le reste », s’accordent les quatre intervenants de la conférence organisée par l’Ipag. Pour Laurent Choain, DRH du groupe Mazars, « les crises nivellent l’économie vers le bas. Du coup, le réflexe naturel est de se recentrer sur les basiques, comme le relationnel. » Tout change très vite, même les plans d’orientation de l’entreprise. Les meilleurs alliés du manager deviennent alors ses collaborateurs. Laurent Choain met toutefois en garde contre les solutions à court terme qui finissent par détourner, voire détruire les compétences. Il avance : « La crise étouffe les « Spiky leaders » (leaders d’influence) et donc l’évolution de l’entreprise. Quand les valeurs sont touchées, l’entreprise ne résiste pas. » 

Management de proximité

Le manager doit mobiliser et fidéliser ses troupes, ne pas avoir peur de prôner l’innovation pour avancer. Il est un leader d’influence. « Il doit oser prendre des risques et reconnaître son droit à l’erreur », estime Catherine Carradot, secrétaire générale de l’Andrh. Pour cela il est indispensable de recréer du lien ! Les managers se retrouvent avec beaucoup trop de pression sur les épaules, ils sont devenus des petits dirigeants. Il faut équilibrer les performances. La complexité entraîne le mariage des intelligences. « C’est le groupe qui doit porter le manager, pas l’inverse, il ne faut pas oublier la dimension humaine : un homme seul ne peut pas tout gérer. Partager avec ses pairs c’est créer de la confiance », appuie Dominique Bailly, directeur du développement RH et de l’innovation sociale du groupe La Poste. Et l’homme sait de quoi il parle, après la crise qui a secoué son groupe. Il explique : « A la Poste le modèle social ne suffisait plus. Les salariés demandaient plus d’attention à leurs situations personnelles. Les contrats individuels ont dû être repensés. On a mis en place un Institut du mangement pour répondre aux nouveaux besoins. » 

Les ressorts de la confiance

La peur entraîne une lecture hostile des situations. Pour y faire face, il est nécessaire de valoriser chez les individus des traits de caractère comme la lucidité ou l’engagement. C’est pourquoi le courage face aux émotions est aujourd’hui en tête des préoccupations des managers. « Il faut faire preuve d’intelligence émotionnelle : trouver l’équilibre entre énergie et humeur, intensité et sérénité », souligne Daniel Eppling, associé chez Krauthammer. En substance, le manager d’aujourd’hui doit être capable de faire face aux problèmes en tenant compte des ressentis de ses collaborateurs. Il doit être en quelque sorte un « humaniste pluraliste ».