Comment faire pour rebondir lorsqu’on est "viré"

L’un des premiers réflexes à adopter est de comprendre les raisons du licenciement pour qu’il ne soit pas contraignant sur le plan moral par la suite. Utiliser intelligemment son réseau, recourir aux chasseurs de têtes, se faire soutenir par ses proches..., les moyens pour se recaser.
 
 
 

Douze mois pour retrouver du travail ! Ahmed B., 42 ans, ne s’attendait pas à cette situation. Pourtant, tout allait bien dans son ancienne entreprise jusqu’au jour où il a été «viré», sans scrupule. «Mon entreprise fut rachetée par un grand groupe. Bilan : restructuration et donc suppression de plusieurs postes. J’étais parmi ceux dont la pérennité du poste n’était pas garantie. La nouvelle direction m’avait proposé un contrat CDD pour commencer. Ma réponse a été négative. Du coup, ils m’ont viré le mois qui suit», s’explique-t-il. Sentiment d’impuissance, de remise en cause de ses compétences, de perte de contrôle de son destin…, alors que certains à qui on propose une rupture de  contrat ont le temps de préparer leur départ, ou de le négocier et partir avec un chèque conséquent, d’autres n’ont pas cette occasion. Sans oublier qu’on a toujours une famille à entretenir, des crédits à rembourser ou des projets qui tombent à l’eau du jour au lendemain.

Les répercussions sont nombreuses. Cette situation s’avère d’autant plus triste que la quête d’un autre emploi relève d’un véritable parcours du combattant. «A un niveau élevé de responsabilité, les places se font rares. Plus ils avancent dans l’âge, plus les cadres ont du mal à trouver un nouveau job», explique Jihane Labib, coach.  Les petites annonces ? Très peu d’offres les concernent. Les cabinets de recrutement ? Très peu osent les proposer à leurs clients. Bref, la partie n’est pas gagnée d’avance.

Alors comment s’y prendre pour rebondir ? Nous savons qu’en général ce qu’il faut faire : rédiger un CV vendeur, entretenir un moral de battant... Dans la pratique, c’est autre chose. Ceux qui ont su se recaser rapidement en tirent quelques leçons : utiliser intelligemment son réseau, recourir aux chasseurs de têtes, se faire soutenir par ses proches ou parfois même forcer son destin. C’est ce qu’a fait Mohamed B., directeur informatique. «J’avais participé comme chaque année à un colloque dédié aux nouvelles technologies. C’était l’occasion de retrouver de nombreux partenaires, concurrents... Et c’est autour du déjeuner que j’avais forcé mon destin en étalant mes réalisations professionnelles devant mes voisins de table. Par la même occasion, j’avais insinué que je souhaitais changer d’horizon. Ça n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd. Il faut dire aussi que dans le microcosme des nouvelles technologies, les bons profils sont toujours dans la ligne de mire des recruteurs. Quelques jours après, je reçois un coup de fil d’un de mes voisins de table qui était aussi un vieux partenaire. Il m’a fait une proposition qui m’a plu. J’ai tout de suite accepté», dit-il.

La majorité des postes  de cadres sup sont pourvus par le bouche-à-oreille  et la cooptation

Pour ne pas se laisser envahir par un sentiment d’échec, Mouhcine Ayouche, DG du cabinet BMH Coach, explique à cet effet que «l’un des premiers réflexes à adopter est de comprendre les raisons de cette décision pour qu’elle ne soit pas contraignante sur le plan moral par la suite. Un licenciement peut être transformé en “opportunité”, pour repenser sa carrière». Même quand la période d’inactivité perdure, il est possible de maintenir la forme et le moral pour être prêt à reprendre du service à tout moment.

Avant tout, il convient de construire son projet professionnel en fonction de ses aptitudes et de ses intérêts. Souvent, un bilan des compétences peut être utile pour faire le point sur son avenir professionnel. Mais ce n’est pas tout. Il faut rester informé sur les tendances du marché du travail. Quels sont les profils demandés ? Quelles sont aussi les formations susceptibles de m’intéresser ? Commercial, juriste, informaticien, responsable RH, logisticien...Un petit coup d’œil sur les profils en vogue vous donnera un aperçu sur le chemin à suivre.

Ceux qui sont en phase d’un départ négocié avec leur entreprise peuvent toujours opter pour un «out placement», appelé aussi reclassement. Celui-ci a pour objectif d’accompagner et d’aider des personnes en repositionnement ou en transition de carrière. C’est un des éléments du package que les grandes entreprises commencent à offrir à des collaborateurs incités à partir.
Aussi, l’idéal dans une recherche, c’est d’être au courant des postes qui se créent ou se libèrent dans les entreprises. La majorité des postes de cadres supérieurs sont pourvus par le bouche-à-oreille et la cooptation. Et donc, il faut savoir activer son réseau pour dénicher les bonnes places. «C’est en bien entretenant mes relations que j’ai pu rebondir rapidement. Il m’a fallu moins d’un mois pour reprendre du service grâce à mes relations», explique pour sa part Kamal Larbi, ingénieur technicien.

Et les cabinets de recrutement ? Incontournables dans la plupart des cas à condition que le licenciement ne soit pas aggravé par des fautes professionnelles ou d’autres casseroles. Toutefois, si la personne entretient des relations avec eux, il ne faut pas trop compter sur les chasseurs de têtes car ils préfèrent des managers encore en poste.  Reste que trouver un emploi est aussi une question de moral. Si on commence à perdre confiance en soi, c’est le moment de faire appel à un coach. Cela peut toujours être utile pour faire un point sur sa carrière professionnelle.

Le salarié a droit à un certificat de travail quel que soit le motif du licenciement

Le salarié a droit à plusieurs indemnités en cas de licenciement. En cas de faute grave, il n’a droit qu’à son dernier salaire (salaire et compléments de salaire bien entendu) et ses congés. Si le licenciement est justifié, mais sans qu’il y ait faute grave, il a droit, en plus du dernier salaire et des congés, au préavis et à l’indemnité de licenciement prévue par l’article 53 du code du travail. Si le licenciement est abusif, en plus de ce qui précède, il a droit aux dommages et intérêts qui sont d’un mois et demi par année de service, plafonnés à trente-six mois de salaire.
Il est à noter que dans tous les cas et quel que soit le motif du licenciement (en cas de démission également), le salarié a droit à un certificat de travail, et ce, dans les huit jours qui suivent la cessation de son contrat de travail. Concernant le délai, le salarié peut être licencié immédiatement sans préavis, ni indemnités en cas de faute grave.

Par contre, si le licenciement est dû à un motif autre que la faute grave, notamment pour raisons économiques, l’employeur doit observer un préavis qui varie selon l’ancienneté et la qualification du salarié. Ainsi, les cadres et assimilés peuvent avoir un mois pour moins d’une année de service, deux mois pour une période comprise entre un et cinq ans et trois mois pour plus de cinq ans.  Pour les employés et ouvriers, le délai peut être de huit jours pour une période de moins d’une année de service, un mois pour une période comprise entre une année et cinq années et deux mois pour plus de cinq années.