Manager/employé : Comment gérer les barrières hiérarchiques?

Les «bons» patrons ont compris, pour leur image et celle de l’entreprise, la nécessité d’être ouverts sur le management moderne. Le développement de moments de convivialité donne plus de liberté aux employés d’exprimer leurs attentes, leurs soucis. Tout en respectant le statut du chef
 

Crispées, mijaurées, les relations intra-entreprises sont dans la plupart des cas des relations «guindées». Si le patron est enfermé dans sa tour d’ivoire, les employés quant à eux, sauf extrême urgence ou sollicitation expresse, n’osent en aucun cas l’approcher. Loin de l’esprit convivial, voire même familial d’antan, l’ambiance dans certaines entreprises est aujourd’hui protocolaire.

«En cause? Une vision commune de tous les salariés: la culture d’entreprise», souligne Youssef Nejjar, coach et directeur général de Pro Act Consulting. Ce concept ne date pas d’hier, les chefs d’entreprises ont depuis longtemps cherché à instaurer un «esprit maison», des valeurs propres qui leur permettront de se démarquer. Différentes d’une boîte à une autre, ces valeurs régissent le fonctionnement des relations au sein de l’entreprise et établissent des barrières hiérarchiques. Si ces dernières sont considérées comme salutaires car elles permettent d’éviter de tomber dans la familiarité et l’excès de camaraderie, ce sont également des «freins» aux relations humaines qui peuvent engendrer des conséquences néfastes telles que frustration, baisse de productivité et manque de motivation.
Comment briser ces barrières ? «C’est par la modification de la culture d’entreprise qu’il faut commencer», estime Nejjar. La première chose à revoir semble alors être le mode de gouvernance, en douceur. D’ailleurs, les «bons» patrons ont compris, pour leur image et celle de l’entreprise, la nécessité d’être ouverts sur le management moderne. Ils ont saisi l’intérêt de donner plus de liberté à leurs employés d’exprimer leurs attentes, leurs soucis. L’exercice n’est pas de tout repos certes, car il faut à la fois soutenir et accompagner les équipes sans perdre de vue les objectifs de sa hiérarchie ni se départir de sa casquette de chef. «Si le changement est à 90% l’apanage du chef, il doit également fixer une limite essentielle de respect», affirme Malgorzata Saadani, coach certifié ICC. Elle estime «qu’au lieu de briser les barrières, il vaut mieux instaurer une relation de confiance, intelligente, directe et libre des artifices du pouvoir inutiles qui servent essentiellement à soigner les complexes des «petits chefs». Soit une relation saine et moderne, et en même temps mutuellement respectueuse.
Pourtant, dans certains domaines, le problème ne se pose pas, les relations entre employé et employeur diffèrent. Amenées à travailler en équipe, sous haute pression, à des heures incongrues, les équipes laissent tomber très vite leur «statut» et entretiennent des relations complices et amicales. Les secteurs de la communication, de l’événementiel sont particulièrement concernés.
Il en est de même au niveau de la moyenne d’âge du personnel. La génération Y, (âgée entre 20 et 30 ans) est de plus en plus nombreuse en entreprise. Anticonformiste, elle est friande de changements et pousse les entreprises à se dépasser et à accélérer la cadence tout en bouleversant un système jusque-là figé. 
Le respect de la hiérarchie ? Il ne s’obtient plus grâce au titre mais à l’efficacité et aux compétences. Les barrières hiérarchiques en prennent alors un coup! «Nous sommes une dizaine de jeunes dans l’entreprise où je travaille, certains sont plus ‘‘haut gradés’’ que d’autres et pourtant, nous entretenons des relations sans tabous, à dominance professionnelle mais ponctuées de déjeuner, de cafés et de sorties», souligne Loubna Benchekroun, agent d’assurance de 29 ans. 
La fonction en entreprise ne semble ainsi aucunement constituer pour cette génération un frein ou une quelconque barrière.