Chercher un emploi depuis son lieu de travail
Lorsqu’on veut changer de job mais qu’on passe huit heures par jour au bureau, il est tentant d’effectuer ses recherches et d’envoyer sa candidature depuis son poste de travail. L’opération n’en demeure pas moins délicate…
Que dit la Loi sur la recherche d’emploi depuis son lieu de travail ?
Le contrat de travail impose une obligation de loyauté du salarié vis-à-vis de son employeur. En clair, « pendant son temps de travail, un salarié est censé travailler pour l’entreprise et non pour lui », décrypte Gaëlle Duc-Echampard, avocate en droit social. En théorie, chercher un job durant ses heures de travail peut donc constituer un motif légitime de licenciement.
Mais dans les faits, les choses ne sont pas si arrêtées. Cette obligation s’apprécie au regard du règlement intérieur de l’entreprise et de sa charte informatique. Ces derniers prévoient généralement que les outils mis à disposition du salarié - téléphone mobile, ordinateur, connexion internet… - doivent être utilisés à des fins professionnelles.
La jurisprudence apporte toutefois un bémol. « Au moment de sa pause, l’employé recouvre une certaine liberté. Il peut faire un usage personnel de son ordinateur ou de son téléphone si, et seulement si, celui-ci est de courte durée ».
Par ailleurs, il existe également deux cas de figure dans lesquels il est possible de candidater en toute légalité : lors d’un licenciement ou d’une démission. « La plupart des conventions collectives prévoient des heures de recherche d’emploi durant la période de préavis, le plus souvent deux heures par jour », indique l’avocate. Les modalités pour en bénéficier sont généralement fixées par la convention collective ou d’un commun accord avec l’employeur.
Parler de son envie de changer de job ou pas ?
Faut-il prévenir son supérieur hiérarchique ou rester discret ? C’est une question qui taraude l’esprit de tous les salariés en veille professionnelle.
Si le salarié souhaite jouer la carte de la transparence, c’est à ses risques et périls. « Il peut simplement dire qu’il est en train de sonder le marché car être franc, c’est prendre le risque de rompre le lien de confiance », estime Éric Hauptmann, auteur du Guide du candidat recruté.
Un avis partagé par Morgane Jain, responsable du recrutement au Crédit Mutuel Arkéa. « C’est toujours un coup de poker d’en parler. Et pour cause :en informant sa hiérarchie, le collaborateur va indiquer quelque part que sa motivation n’est plus la même. » Le risque étant d’être mis au placard jusqu’à ce que la recherche d’emploi aboutisse.
Par ailleurs, mieux vaut également garder en tête que le monde est petit. En mettant son CV en ligne sur un jobboard ou en actualisant son statut sur Viadeo, il y a de grandes chances pour que les recruteurs de l’entreprise dans laquelle travaille le salarié réalisent qu’il souhaite changer de société… Par conséquent, c’est à vous de juger de cette nécessité d’en parler ou non.
Quoiqu’il en soit, sachez que votre démarche ne sera pas acceptée de la même manière dans toutes les entreprises. « Dans une PME, les perspectives d’évolution sont limitées. L’employeur peut comprendre les motivations de départ de son collaborateur voire même l’aider dans ses démarches », accorde Morgane Jain. À l’inverse, dans un grand groupe, où les possibilités d’évolution sont plus nombreuses et les relations plus impersonnelles, votre décision sera moins facilement comprise.
Comment procéder ?
Chercher un emploi depuis son lieu de travail nécessite une bonne dose d’organisation. « Il est très facile de se faire repérer, ne serait qu’en s’absentant pour répondre aux appels des recruteurs », observe Éric Hauptmann, qui conseille de ne jamais communiquer son numéro professionnel et de demander à être contacté en dehors des heures de travail.
Dans le même ordre d’idées, mieux vaut ne pas utiliser son adresse email professionnelle. « C’est toujours délicat pour un recruteur de recevoir une candidature avec la signature d’une autre entreprise », explique Morgane Jain. D’autant que l’employeur a un droit de regard sur votre correspondance, « à moins que celle-ci ne comporte en objet la mention "personnel" ou "confidentiel" », précise Gaëlle Duc-Echampard. Idem pour les CV et les lettres de motivation stockés sur l’ordinateur du bureau.
Quant aux entretiens d’embauche, les recruteurs sont compréhensifs. Lorsqu’ils ont affaire à des candidats déjà en poste, ils fixent généralement des rendez-vous en dehors des horaires de bureau. À défaut, il est toujours possible de demander à son employeur de s’absenter pour motif personnel, voire de poser un jour de congé.
Source: Keljob