iPhone, iPad, Blackberry : l’usage est plus important que l’outil

iPhone, iPad, Blackberry : l’usage est plus important que l’outil

La communication est déterminante pour les activités professionnelles, mais on ne doit pas se laisser envahir. Dans des situations exceptionnelles, il est important de rester joignable en essayant de fixer des plages horaires précises.
iPhone, iPad, Blackberry

 

Rares sont les cadres ou dirigeants qui refusent encore d’utiliser un téléphone mobile ou un ordinateur portable. Avec le développement des technologies de l’information, tout le monde veut être connecté tout le temps et en tout endroit pour être à l’affût de toutes les informations qui contribuent à la performance. La frontière entre la vie professionnelle et la vie personnelle est devenue très ténue. Le fait d’être toujours sur la brèche peut pourtant créer des désagréments au niveau familial. Malgorzata Saadani, coach international ICC et DG d’ANC Communications, met en évidence les risques et les moyens de s’en prémunir.

L’utilisation des technologies est telle que certains ne peuvent plus décrocher. Comment analysez-vous cette situation ?

Ce constat est vrai. Certaines personnes ne peuvent pas se passer des technologies de l’information ! Cependant, il faut faire la distinction entre les outils de communication mis à notre disposition et l’usage que nous en faisons. Bien évidemment, il existe des situations exceptionnelles ou des métiers particuliers où il faut être constamment connecté ou à l’affût d’informations. On peut citer le cas des médecins qui doivent être en mesure d’être joignables à tout moment.
Ceci dit, je pense qu’une grande partie des métiers n’exige pas de tels sacrifices. La technologie nous donne la possibilité d’être joignables à tout moment et à tout endroit par téléphone, SMS ou mails, mais il nous revient de décider s’il faut ou non répondre à ces sollicitations au milieu de la nuit, en week-end ou à l’heure des repas.
Il faut donc faire la distinction entre la possibilité que nous offrent ces outils et l’usage qu’on en fait.
Bien sûr, la dépendance peut engendrer des interférences entre vie privée et vie professionnelle car les attentes du monde professionnel sont tellement nombreuses qu’on doit être réactif.
Dans les situations exceptionnelles, il est évident que l’on doit être joignable parce que, parfois, nous avons nous-mêmes sollicité certaines informations. Mais vivre de cette manière 24h/24, 7j/7, est exagéré.

C’est-à-dire, quand la vie professionnelle envahit notre vie privée ?

Je reviens toujours à l’idée de contextualisation de l’exigence du métier, mais aussi à la passion de bien faire les choses à tout moment.
Nombreux sont les gens qui sont obligés de profiter de n’importe quel moment pour lire leurs mails ou répondre à un SMS, en voiture (pas en conduisant bien sûr), dans un taxi ou en marchant. Tout cela contribue à l’efficacité. Il y en a qui estiment qu’ils peuvent ainsi gagner du temps.
Je dirais que tout dépend de la vie qu’on veut mener. Certains se dépensent entièrement sur le plan professionnel et bousculent cet équilibre entre vie privée et vie professionnelle sans aucun regret alors que d’autres se sentent mal à l’aise s’ils n’arrivent pas à assurer cet équilibre.

Toujours est-il que le fait de ne jamais décrocher entraîne des risques …

Selon l’adage qui dit qu’il ne faut pas mettre tous ses œufs dans le même panier,  on peut manquer de recul si on mise tout sur le plan professionnel. Si jamais, à un moment donné, quelque chose se passe mal, c’est tout un monde qui s’écroule. On a bien vu des cas où des personnes ont été anéanties parce qu’elles se sont trop investies sur le plan professionnel. Il faut donc s’offrir cette possibilité d’avoir une hygiène mentale, d’être déconnecté, sinon on risque le burn-out.
Par ailleurs, cette dépendance vis-à-vis des technologies a montré à travers des études qu’elle peut être équivalente à une addiction à la cigarette ou à l’alcool. Imaginez ! Certaines personnes peuvent souffrir si elles sont privées d’une connexion internet ou d’un téléphone.

Vu tous les désagréments que peut créer la confusion entre les sphères professionnelle et la vie privée, est-il permis d’imposer à ses collaborateurs d’être joignables à tout moment ?

En permanence, c’est difficile ! Le fait d’être joignable ne veut pas dire que le collaborateur doit répondre à tous les coups. Il est possible de prévoir des plages horaires ou de mettre l’accent sur les communications à prendre. Mais on ne doit pas appliquer le principe des urgences ou du numéro vert.

Elles peuvent certes créer des problèmes mais, utilisées à bon escient, les technologies de la communication sont une opportunité pour les entreprises à la recherche d’une organisation du travail flexible…

Cette forme de flexibilité a toujours existé avant même internet. Le travail à domicile a toujours existé, surtout pour ceux qui exercent un travail manuel (petite manufacture, couture…). Ce n’était pas considéré comme une intrusion dans la vie privée mais une chance pour travailler, surtout ceux qui n’avaient pas la possibilité de se déplacer.
Aujourd’hui, grâce aux nouvelles technologies, ce travail peut être adapté à tout métier. C’est une chance aujourd’hui, surtout quand on observe les problèmes de déplacement que rencontrent beaucoup d’individus. Cependant, ce genre de travail exige une auto-discipline parce qu’on demande toujours le rendement.

Que faire pour ne pas se laisser trop envahir ?

Il faut prendre conscience de l’usage que l’on veut faire de ces outils. Aujourd’hui, on est souvent tenté de tester
la multitude de gadgets high-tech et des services internet de plus en plus étudiés. Le plus important est d’adapter les outils aux objectifs que l’on se donne, même si c’est difficile dans la pratique.

Zakaria Benaboud : «Le seul moment de répit est lorsque je suis en famille»

«Le seul moment de répit est lorsque je suis en famille»

 

Internet nous facilite énormément le travail. Pour les questions de fiscalité ou de comptabilité, nous travaillons beaucoup par mail. Il arrive qu’un client basé à Tanger ou Laâyoune nous envoie ses documents pour les traiter à temps, surtout durant la période des bilans. On réalise ainsi des gains de temps et d’argent. J’utilise également le net avec les étudiants. Certains sont timides et n’osent pas poser des questions devant leurs camarades. Ils sont plus à l’aise lorsque les échanges se font sur le net, que ce soit de manière anonyme ou à visage découvert. L’internet est également primordial dans mes échanges avec mes confrères. Il arrive fréquemment de discuter avec eux sur l’actualité juridique, fiscale, financière ou autre. Le téléphone n’est pas en reste. Personnellement, j’ai un Blackberry qui m’aide à gérer mon agenda, communiquer sur le net, transférer des documents… Ceci dit, je ne vais pas m’attarder le soir à tapoter sur le portable.
Le seul moment de répit est lorsque je suis en famille. Certes, ces outils nous facilitent la vie mais il ne faut pas arriver au point d’en être dépendant. Souvent en vacances, j’informe mes partenaires par messagerie de mon indisponibilité. Ceci dit, je peux toujours répondre aux sollicitations quand il s’agit d’une urgence.
 

 

Youssef Jermoumi : «La seule crainte que j’éprouve le matin, c’est d’oublier mon téléphone à la maison en sortant»

«La seule crainte que j’éprouve le matin, c’est d’oublier mon téléphone à la maison en sortant»

 

A vrai dire, les technologies se sont rapidement développées durant ces dernières années, comme un tsunami d’ailleurs, et donc il est normal que chacun doit trouver l’usage qu’il lui faut sans tomber dans la dépendance. Personnellement, je suis dans un domaine où on est bien dedans. Je travaille beaucoup avec mon iPhone, qui est pour moi une véritable boîte à outils. Il me permet de gérer mon agenda, mes mails, ma base de contacts que je peux transférer à tout moment sur un ordinateur. La seule crainte que j’éprouve le matin, c’est de l’oublier à la maison en sortant. Le net est également efficace pour le travail à distance. Cela permet de ne pas être présent physiquement pour des réunions. Des outils de communication web présentent un atout majeur pour la collaboration et le partage de données avec mon équipe. Je l’avoue aussi, ces outils m’obligent parfois à travailler le soir à domicile ou même les week-ends, surtout quand il s’agit des tâches qu’on n’a pas eu le temps de gérer la journée ou encore le fait de traiter des urgences. Je sais par exemple que lorsqu’on travaille sur un appel d’offres concernant la mise en place d’une solution informatique ou une étude à finaliser pour un client, cela nous oblige à travailler en dehors des heures de travail.
Par ailleurs, les technologies de communication et de collaboration sont susceptibles de renforcer les exigences d’autres acteurs de notre entourage (supérieurs hiérarchiques, collègues, clients…) qui peuvent nous joindre n'importe où, n'importe quand, mais aussi simultanément de transmettre la pression qu'ils subissent dans l'exercice de leurs activités. Il est certain que ces technologies apportent beaucoup à l’amélioration de notre qualité de vie et notre efficacité professionnelle, mais cela risque de se faire aux dépens de notre vie privée. C’est peut-être le prix nécessaire à payer.

 

Brahim Habriche. La Vie éco
www.lavieeco.com