Donnez et vous recevrez

Ce n’est pas un secret : le bénévolat paraît bien dans un CV, que l’on recherche un stage ou un poste d’avocat. Pourquoi est-ce si important?
 
«Donner de son temps et de son expertise gratuitement, c’est non seulement avoir la chance de redonner à la collectivité, mais aussi de se bâtir un réseau de connaissances qui, éventuellement, pourrait générer de la clientèle pour soi-même ou pour son cabinet», dit Me Dominique Tardif, directrice du bureau montréalais de ZSA Recrutement Juridique.

Les recruteurs savent aussi que l’implication communautaire aide à passer de la théorie à la pratique, et qu’elle développe diverses compétences, comme l’habileté à entretenir des relations interpersonnelles, à travailler en équipe et à communiquer. Certaines expériences de bénévolat peuvent même favoriser l’apprentissage d’une langue étrangère!

Pro bono et al.

Un juriste qui désire s’engager dans sa communauté aura bien souvent le réflexe d’offrir ses services sans frais à un client, et de travailler dans son dossier gratuitement. C’est ce qu’on appelle le pro bono. Ce n’est toutefois pas la seule possibilité.

L’Association du Jeune Barreau de Montréal (AJBM) a d’autres suggestions. «Nous offrons des programmes d’aide à la préparation de dossiers aux petites créances ou en matière de logement, des services de consultation pour les adolescents, ainsi que des programmes de soutien au démarrage des petites entreprises. Dans ce cas, les avocats peuvent aussi siéger au conseil d’administration de la compagnie qu’ils auront aidé à démarrer», énumère Me Sébastien Lebel, président du Comité des services juridiques pro bono de l’AJBM.

Les avocats peuvent aussi intervenir de façon plus ponctuelle, par exemple en participant à la clinique juridique téléphonique annuelle de l’AJBM, qui se déroule sur une fin de semaine. Ce service de consultation juridique gratuit permet à la population du Québec d’obtenir des informations sur les droits et obligations dans toutes sortes de domaines (droit de la famille, droit du travail, etc.) en posant des questions à des avocats bénévoles.

Ça commence maintenant!

Les futurs avocats peuvent aussi s’impliquer, puisque l’AJBM se montre ouverte aux étudiants intéressés à s’engager dans ses différents comités et l’organisation de ses activités. Ces expériences permettent de poser des actions concrètes et de mettre un pied dans l’univers juridique.

Attention de ne pas plonger tête première dans le bénévolat, au détriment de ses études et de sa moyenne générale.

Les cliniques juridiques offrent l’occasion de se frotter au bénévolat, sans même sortir de l’université. «Pour les étudiants, ces expériences permettent de faire face à des situations réelles qui ne sont pas toujours présentes dans le cadre théorique ou purement académique», explique Me Bernard Duhaime, professeur et directeur de la Clinique internationale de défense des droits humains à l’Université du Québec à Montréal, où les étudiants peuvent se voir créditer l’équivalent d’un cours pour leur participation.

La Clinique est menée par des équipes d’étudiants, sous la supervision directe d’avocats – professeurs. Dans ce cadre, ils entreprennent des activités de promotion et de protection des droits de la personne à travers le monde, en collaboration avec des ONG. De cette façon, ils peuvent s’impliquer directement dans le traitement de dossiers, acquérir une expérience pratique de la défense des droits humains et se familiariser avec les défis méthodologiques et éthiques dans ce domaine.

Attention, toutefois, de ne pas plonger tête première dans le bénévolat, au détriment de ses études et de sa moyenne générale. «Il faut conserver de bonnes notes malgré ces activités, car les résultats scolaires sont déterminants dans l’accession aux études supérieures, l’obtention de bourses ou l’embauche dans un bon cabinet», souligne Me Duhaime. Comme quoi charité bien ordonnée commence réellement par soi-même!

Par Philippe Samson, avocat