Trois programmes pour relancer l’emploi

Voilà un dossier sur lequel le gouvernement s’engage et sur lequel les attentes sont énormes dans l’opinion. La réduction  du taux de chômage à 8% d’ici 2016 contre un niveau de 7% prévu par l’ancienne équipe paraît prudente et ambitieuse en même temps (le taux de chômage au troisième trimestre 2011 est à 9,1%).
 
 
Le contexte économique est marqué par les difficultés que connaissent les principaux partenaires européens du Maroc. Il faudra certainement s’attendre à une baisse de la demande adressée au pays et ses conséquences sur certains secteurs qui dépendent de débouchés extérieurs A nuancer toutefois, l’export est un
tout petit contributeur au PIB. Pour l’instant, la recette gouvernementale pour absorber le chômage, particulièrement celui des diplômés, consiste en la mise en oeuvre et le suivi des programmes "Taahil", "Moukawalati" et "Idmaj".
 
Ces mêmes programmes, critiqués par le Conseil économique et social pour leur déconnexion de la réalité, seraient reliftés et le conseil d’administration de l’Anapec élargi. En tout cas, le programme gouvernemental parle d’une série de nouvelles initiatives: "Moubadara/Initiative", dédiée à l'emploi au sein des associations de proximité oeuvrant dans le champ socio-pédagogique, et "Taatir/Encadrement" orienté vers les chômeurs de longue durée qui vise 50.000 bénéficiaires par an. Idem pour "Istiaab/Assimilation", une sorte de système incitatif devant assurer l'intégration de l'économie informelle. Mais est-ce suffisant? Surtout qu’il faudrait s’attendre à l’arrivée sur le marché du travail de personnes qui se sont abstenues jusqu’à présent. Ce qui pourrait augmenter le niveau de la population à la recherche d’un emploi et augmenter le taux de chômage. «L’espoir suscité par des actions que le gouvernement pourrait lancer en faveur de l’emploi pousserait une bonne frange de la population active à se mettre à la recherche d’un travail», explique Ahmed Lahlimi, haut commissaire au plan.
 
Aujourd’hui, des interrogations se posent aussi par rapport à la qualité des emplois qui seront créés. Car, actuellement, six postes sur dix sont précaires. Ils sont créés soit dans les services où l’informel bat son plein, ou encore dans le BTP, gros pourvoyeur d’emplois au noir. Ces secteurs se caractérisent, selon une analyse du haut commissariat au plan, par la faiblesse de leurs multiplicateurs et en particulier en emploi qualifié. Ainsi, avec une création de 10 emplois directs, l’agriculture ne crée que 2 emplois indirects, le BTP 2 et les services 3.
C’est l’industrie qui booste les emplois qualifiés tant directs qu’indirects. A elle seule, l’industrie alimentaire crée par exemple 5 emplois indirects pour un emploi direct. Le challenge serait de parvenir à des changements dans la structure du PIB.

Source: L'économiste